• 5 avril 2003
  • 3  min

3 questions à Michel Polacco, Directeur de France Info

michel-polaccoWellcom : En septembre dernier, vous avez pris la direction de France Info. Quelles ont été vos priorités ?

Michel Polacco : Ma nomination à la tête de France Info s’est faite rapidement. Quand j’en ai pris les rennes, la station était en très bonne santé et avait de bons résultats. Ma mission a donc d’avantage consisté à assurer une transition qu’à faire une révolution.
J’ai pris le temps de faire un  » état des lieux « , tout en assurant les affaires courantes pour rester au plus près de l’actualité. Pendant deux mois, j’ai rencontré l’ensemble des personnes qui font l’antenne au quotidien, des journalistes et chroniqueurs aux techniciens sans oublier le personnel en charge de l’administration. Ce bilan m’a permis de déceler les points forts de cette radio si particulière et ce qui pouvait encore être amélioré. J’en ai tiré deux conclusions majeures : la formule France Info est la bonne et nous avons encore un grand potentiel pour faire progresser notre part d’audience.
Pour nous améliorer, j’ai commencé par redéployer certains moyens dont nous disposons. Depuis 15 ans, la formule France Info est basée sur des journaux d’information toutes les 7 minutes. Or, on ne réinvente pas l’actualité pendant une période si courte ! Pour éviter l’effet « rediffusion », j’ai demandé à mes équipes d’utiliser de nouveaux angles d’attaque et de cibler sur d’autres éléments de l’information à chaque fois qu’ils prennent l’antenne. Nous avons ajouté d’avantage de reportages et apporté de nouvelles voix.
Pour mieux évaluer la qualité de notre travail, j’ai même créé une nouvelle fonction. Jean-Christophe Ogier est chargé de s’assurer de la cohérence entre ce qui est fabriqué et ce qui est diffusé, il surveille notamment l’éloignement des rediffusions ou la réécriture des textes.

W : Quelles conséquences la guerre en Irak a-t-elle sur le traitement de l’information ?

M.P. : La première conséquence directe est la quantité d’information à traiter. Toute l’équipe de l’antenne est mobilisée pour nous permettre d’être à la fois au cœur de l’actualité tout en restant raisonnables. Etre « raisonnables » signifie que nous prenions suffisamment de distance par rapport à l’information et que nous l’analysions en permanence. Le conflit irakien nous impose plus que jamais d’appliquer les règles de déontologie du journalisme. D’un point de vue opérationnel, nous avons 4 journalistes en Irak. L’antenne a mis en place un dispositif logistique de guerre depuis la veille du conflit et un dispositif d’éditions spéciales à partir du jour J à 3h14 très précisément. L’antenne a migré vers une information continue 24h/24 et nous avons renforcé les équipes de nuit. Nous avons augmenté nos revues de presse en y intégrant la presse étrangère et un tour du web pour savoir comment le conflit était vécu. Si je devais schématiser notre démarche, je dirais que pendant une semaine nous avons fait du « tout Irak », puis nous sommes passés à « beaucoup d’Irak avec de l’actualité complémentaire ». Aujourd’hui, nous redonnons à l’antenne sa couleur en revenant à la grille habituelle tout en gardant une place importante pour l’Irak. J’organise une réunion avec mes équipes tous les jours à 16 heures pour faire le point et planifier la nuit et la journée à venir. Le reste du temps, nous nous adaptons en permanence.

W : Votre goût prononcé pour les nouvelles technologies influe t-il sur votre façon d’envisager l’information ?

M.P. : L’informatique est un univers qui m’est familier. Je fais partie des personnes qui ont défriché le terrain pour la maison ronde, notamment en développant le multimédia. France Info a été la première station du groupe Radio France à travailler sur des formats numériques.
Aujourd’hui, je suis vigilent sur l’évolution et l’intégration des outils multimédia au sein de France Info. Tous nos reporters sont équipés de Nagras numériques, et ceux qui sont envoyés en reportage dans des zones éloignées du globe ont des stations satellites Inmarsat et des téléphones Thuraya afin d’être en mesure de nous joindre à tout moment où qu’ils soient. La guerre du Golfe est d’ailleurs la guerre du Thuraya.

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