• 1 février 2011
  • 5  min

Guillaume Durand, de l’histoire-géo à la boulimie journalistique

A l’origine Guillaume Durand était professeur d’histoire-géographie. Il devient journaliste en 1978 sur Europe 1 d’abord comme reporter puis comme présentateur de flashs d’information. Rédacteur en chef adjoint en charge du journal de 8 heures, puis de la tranche 7 h-8 h. Sa carrière est lancée et plus rien ne l’arrêtera, la suite de son parcours est impressionnante : il rejoint La Cinq en 1987 pour y présenter le journal de 20 heures jusqu’en 1991. Il enchaine ensuite successivement différentes fonctions sur LCI entre 94 et 97, tout en animant parallèlement LMI, grand rendez-vous politique de TF1. De la sphère journalistique il glisse ensuite vers l’animation de talk-show avec Nulle part ailleurs sur Canal+ de 1997 à 1999. À la rentrée 1999, il retrouve Europe 1 puis en septembre 2001 il cumul avec le magazine littéraire Campus, le magazine de l’écrit, sur France 2 ainsi que Trafic.musique en 2002… En 2004, il quitte Europe 1, pour la chaîne I>Télé, tout en poursuivant ses activités sur France 2. Ensuite, il présente « Le Franc parler » diffusée simultanément sur France Inter et I>Télé. Fin 2005/2006, il quitte I>Télé en raison d’une clause d’exclusivité avec France 2 (Campus). En septembre 2006, il crée l’émission Esprits libres sur France 2, qui remplace Campus. En septembre 2007, il revient pour la troisième fois sur Europe 1 pour animer l’émission de libre-antenne À l’air libre. En 2008 Esprits libres est remplacé par L’objet du scandale.

En septembre 2009, Guillaume Durand succède à Jean-Luc Hees à la présentation de la matinale de Radio Classique. À partir de janvier 2010, son interview matinale sur Radio Classique « En route vers la présidentielle » est diffusée également sur la chaîne d’information en continu i>Télé. En parallèle, il anime désormais « Face aux français » sur France 2 le mercredi en deuxième partie de soirée…

Avec son parcours atypique, Guillaume Durand s’impose ainsi comme un présentateur polyvalent, avec un amour certain pour le culturel. A quelques encablures des présidentielles, Wellnews a souhaité en savoir plus sur le regard que porte Guillaume Durand sur son actualité et sur l’actualité, nationale et internationale…

Pour débuter, impossible de ne pas vous demander votre réaction face à la révolution de jasmin ?
Ce que je trouve particulièrement frappant et intéressant, c’est le rôle d’Internet dans cette révolution, car c’est une révolution. Internet a été un soutien considérable aux opposants en agissant comme un véritable contre pouvoir. Avec en amont, un rôle de fédération des tunisiens via les révélations de Wikileaks sur les exactions visibles de Ben Ali. Une fois le mouvement de révolte lancé, Internet a permis de mobiliser et organiser les manifestations sur place. Enfin, la toile a joué un rôle au niveau international en se faisant le relai des images indiscutables et incontrôlables pour le pouvoir de Ben Ali, qui ont été véhiculées et reprises dans le monde entier par les mass médias.

Pour ce qui concerne la réaction française, elle a été lente mais il faut admettre aussi que la rapidité de la chute de Ben Ali était difficilement prévisible. Par ailleurs, les gouvernements successifs ont toujours considéré que la Tunisie de Ben Ali préservait une forme de liberté pour les femmes et représentait une forme de rempart à l’islamisme. Pour les déclarations d’Alliot-Marie, ce n’est un secret pour personne, il s’agit d’une énorme maladresse.

Cette maladresse considérable est liée pour moi à un manque d’information et de façon plus anecdotique à un agenda très compliqué pour elle le jour de sa déclaration, beaucoup de déplacements… On peut s’interroger sur le pourquoi du déficit d’information dont elle a souffert mais je ne crois pas qu’il faut l’accabler.

Quelques mots sur votre nouvelle émission « Face aux français » sur France 2 le mercredi en deuxième partie de soirée, pouvez-vous nous préciser l’angle de l’émission, vos ambitions ?
Même si les élections arrivent et même si nous invitons des politiques ce n’est pas une émission politique. J’ai eu Ardisson, Jean-Marie Rouart aux côtés de politique. En fait l’angle est simple : c’est une tentative de conversation inédite entre deux personnalités sous le regard de 5 français. Je demande aux personnalités de trouver 4 ou 5 moments de vie que l’on ne connait pas d’eux, et à partir de ces souvenirs, on interroge, on en rit, on débat, on comprend. L’idée est d’avoir un nouvel éclairage à partir de faits nouveaux et révélateurs.

Au niveau de mes ambitions, avec désormais la présence de la TNT qui érode les audiences des grandes chaines, je n’ai pas l’ambition de faire des scores « façon année 80 » mais j’ai envie de rencontrer le public. Aujourd’hui, on est face à une logique très « Canal », chaque émission est une sorte de club qui a son public. C’est le cas de Taddei, par exemple. Il y a cependant encore « des grandes messes », je pense à des émissions comme celles de Patrick Sébastien, de Laurent Ruquier, mais pour les autres, on est dans une logique de club privé…

Ce qui compte par-dessus tout pour moi et pour l’équipe qui travaille avec moi c’est d’avoir une émission récurrente. C’est très important. Avec une émission ponctuelle on n’existe pas !

Les acteurs de la prochaine présidentielle sont presque tous en place, quel regard portez-vous sur cette campagne qui a, pour ainsi dire, déjà commencé ?
Je pense que Sarkozy va se présenter, le plus tard possible, et que son principal enjeu sera moins son programme que de contrôler/veiller à « l’unicité » de sa candidature face à Marine Le Pen, Villepin, etc. DSK devrait également être candidat mais pour lui, la difficulté sera de revenir du FMI et de s’entendre avec la gauche de la gauche, pas simple non plus…

De plus, les primaires peuvent laisser des traces, on n’est pas aux Etats-Unis, on n’a pas ce fair-play après des primaires, les perdants n’ont pas vraiment envie de travailler pour le vainqueur, il suffit de voir la dernière fois…

Nous ne sommes pas à l’abri d’une surprise, des deux côtés, même si je n’y crois pas beaucoup. Mais, par exemple, si Fillon reste au même niveau dans les sondages dans 6 mois, loin devant Sarkozy, il pourrait commencer à avoir des idées, ou la droite aura des idées pour lui…

Et puis il y a les autres, Hulot a envie d’y aller pour Génération Ecologie Les Verts, ce qui peut changer la donne car Eva Joly et lui, rien à voir. Eva Joly n’étant pas du tout médiatique et pas assez proche des sympathisants.

Je trouve qu’il y a encore beaucoup d’inconnu, qui peut dire aujourd’hui jusqu’où ira le FN ? Et puis il y a aussi potentiellement beaucoup de violence dans ces élections, Marine Le Pen et Villepin à droite face à Sarkozy, Mélenchon, tout ça en pleine crise.

Dans tous les cas, je pense que ça va être très serré cette fois et ça risque d’être saignant…

NDLR : Cette interview a eu lieu avant les événements en Egypte.

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