• 2 octobre 2014
  • 4  min

Jean-Michel Aphatie : « La politique est l’écriture de l’histoire d’un pays, elle est passionnante à regarder et à analyser »

Jean-Michel Aphatie, à la verve chantante du Sud-Ouest reconnaissable entre toutes au sein du PAF, s’inscrit aujourd’hui parmi les figures du journalisme politique les plus émérites.
Entretien avec un passionné de l’actualité, au rendez-vous sur RTL et Canal + en cette rentrée !

Voilà une vingtaine d’années que vous exercez le métier de journaliste politique. Qu’est-ce qui vous a passionné et continue de vous faire vibrer, d’autant plus au regard du désamour des français pour la politique ?
En premier lieu, je pense qu’il est important de saisir la nuance entre le désamour des français pour la politique, qui d’après moi n’est pas, du désamour qu’ils ressentent à l’égard de ceux qui la font. On constate aujourd’hui une réelle absence de confiance en les hommes politiques, ce désamour affecte les responsables et non la politique elle-même.
En revanche, le journalisme politique profite toujours aujourd’hui de l’intérêt qu’ont les gens pour la politique. Cette politique est l’écriture de l’histoire d’un pays, elle est passionnante à regarder et à analyser, quelle que soit l’évolution du peuple à l’égard des dirigeants.
Le journalisme politique me fait vibrer parce qu’il s’agit d’un exercice intellectuel ininterrompu de hiérarchie des événements dans une société, il consiste à essayer de comprendre les événements, tenter de distinguer dans le flot d’actualités ce qui est important de ce qui l’est moins puis communiquer les informations dans un contexte et dans une continuité. Le travail de journaliste politique demeure utile pour la société, il nécessite par exemple de s’interroger : quelle est la part dans la crise économique que nous connaissons aujourd’hui des décisions ou non-décisions prises ou non-prises, il y a 20 ans, voire 30 ans ? La complexité réside dans le fait que le journaliste politique fait ce travail en courant en permanence le risque de l’erreur, du contre-sens, qu’il doit ensuite assumer. Exercer le journalisme politique relève du défi permanent car évidemment, au nom de quoi peut-on, journaliste, revendiquer une quelconque infaillibilité ?
Par ailleurs, je pense qu’il faut savoir exercer ce travail en se tenant, d’une part, à distance des acteurs et d’autre part, des courants politiques qui composent la société. La question de l’indépendance de celui qui exerce ce travail est une question majeure. Il faut que l’intelligence soit libre de toutes les chaînes si cela est possible, sans doute ne l’est-ce pas mais il faut pour autant poursuivre cet idéal.

Grâce aux réseaux sociaux, désormais tout le monde peut exprimer ses opinions, les dirigeants comme le peuple, vous-même avez un compte Twitter. N’est-ce pas aujourd’hui un puissant outil démocratique qui révolutionne le débat politique ?
Il est évident qu’Internet est un bel outil démocratique en ce que chacun peut exprimer son opinion. Quant à bouleverser le journalisme politique, je ne le pense pas. Je suis actif sur Twitter mais ça ne révolutionne pas franchement mon travail. Le digital reste mineur en termes d’audience et d’impact si je le compare à mes interventions radio le matin. Twitter et Internet sont des outils modernes qui sans doute accroissent la propagation de l’information, possédée instantanément par beaucoup de monde. Pour autant, les médias traditionnels jouissent encore d’une force considérable et je ne vois pas de raisons pour lesquelles cela changerait. Il faut avoir conscience des masses et il y a deux poids deux mesures d’après moi, entre un tweet et une intervention radio. Lorsque je tweete, il y a environ 50 retweets, tandis que lorsque j’interviewe par exemple Jean-Luc Mélenchon sur RTL, il y a 2 millions d’auditeurs ! Ceux que l’on appelle communément les vieux médias conservent d’après moi une force et un impact incomparables. Ces réseaux sociaux, espaces d’expressions favorisent le débat politique car ils permettent le partage de points de vue originaux. Néanmoins, il ne faut pas survaloriser le poids de ces canaux modernes de communication dans la fabrication des opinions publiques.

Le digital a-t-il fortement impacté le mode de prise de parole des politiques ?
Le digital n’a pas foncièrement changé la manière dont les politiques s’expriment, il a simplement apporté aux dirigeants un canal supplémentaire de communication. A titre d’exemple, très fréquemment, lorsqu’Alain Juppé doit faire une annonce importante, il passe par le bais de son blog afin de maîtriser complètement sa communication. Cet espace s’apparente à un petit journal, il confère de l’importance à cet outil mais ne renonce pour autant pas au mode classique d’expression. Par la suite, Alain Juppé doit expliquer sa décision, l’argumenter, se confronter aux questions et dans la mesure où il ne peut pas dialoguer avec tout le peuple sur les réseaux sociaux, il choisit un média traditionnel. Par le biais de la télévision ou de la radio, il peut étayer son message transmis au préalable de manière totalement solitaire et maîtrisée sur les réseaux sociaux.

Vous reprenez pour cette rentrée une nouvelle saison chez RTL et sur Canal +. Quelles sont les nouveautés en cette rentrée ?
Je suis ravi de retrouver ces deux maisons dans lesquelles je me sens bien ! Il n’y a pas de nouveautés à proprement parler mais la rentrée est déjà marquée par une actualité assez forte. Ça a démarré quand même avec une certaine intensité et donc la motivation est à la hauteur. C’est une période assez forte. Il y a à la fois beaucoup d’actualités, nationales et internationales fortes qui donnent matière au débat, à la prise de parole. Donc je n’ai pas l’impression d’être sur un train ordinaire.

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