• 2 avril 2013
  • 4  min

Najat Vallaud-Belkacem, Ministre des Droits des femmes

Najat-Vallaud-BelkacemNous avons le plaisir ce mois-ci de partager la position de Najat Vallaud-Belkacem, Ministre des Droits des femmes, sur les réseaux sociaux, leur utilisation et leur avenir. Najat Vallaud-Belkacem nous en dit également un peu plus sur les mesures qui vont être prises pour faire progresser les Droits des femmes. Un programme visant à faire évoluer notre société.

Madame la Ministre, en quoi la communication et le digital peuvent-ils contribuer à réduire les inégalités ?
Internet, les réseaux sociaux sont d’excellents outils pour informer, mobiliser et pour rester en contact dans une société qui ne laisse plus de temps libre. Et pour une responsable politique comme moi, ces outils sont devenus extrêmement précieux. J’y rencontre des interlocuteurs de tous les horizons. Je suis alertée plus vite que par n’importe quel autre moyen de l’actualité des dossiers que je suis.

Mon blog, mon fil Twitter ou Facebook sont des sources passionnantes de remontées du terrain. Je tiens cependant à ne pas me cantonner au virtuel. Il est essentiel de passer à la rencontre réelle. C’est la raison pour laquelle j’ai tenu dès mon arrivée au ministère à créer les Rencontres de la porte-parole. Ces rencontres sont une action de « porte-parolat décentralisé » me permettent de rendre compte auprès des Français de l’action du gouvernement, de répondre à leurs questions en direct puis de relayer au sein de l’exécutif les interrogations des citoyens français. C’est pour la même raison que j’ai souhaité recevoir au ministère les mamans bloggeuses, qui m’ont fait part de très intéressants retours sur la question de l’égalité professionnelle et du congé parental.

Et bien sûr dans des pays moins démocratiques, Internet offre un espace de liberté historique. Nous savons ce que le « printemps arabe » doit à ces technologies.
Bref la communication digitale est un formidable outil d’échange, de mobilisation pour contribuer au progrès et à la réduction des inégalités. Mais cela reste un outil. Internet ne remplacera pas la volonté et l’action politique.

Où en êtes-vous de votre projet de concertation avec Twitter ?
Internet n’est pas une zone de non droit. En décembre dernier, je n’ai pas voulu rester immobile devant le déferlement de messages haineux qui se sont propagés sur Twitter. Mon engagement m’a permis de croiser le parcours de nombreux jeunes, quotidiennement victimes d’homophobie jusqu’au sein même de leurs familles. Une violence qui conduit beaucoup des plus jeunes à des gestes suicidaires.

Il n’a pas été simple de mettre Twitter autour de la table et face aux associations de lutte contre l’homophobie. Les dirigeants de la société sont néanmoins venus le 8 février dernier. Nous avons eu une écoute attentive de la part de Twitter et des propositions intéressantes. Les associations bénéficieraient d’un régime privilégié de signalement des tweets haineux traité de façon prioritaire.

Les associations se sont vu proposer par Twitter un statut qui leur permette d’envoyer des messages de rappel à la loi et des messages d’éducation. Ces messages bénéficieraient d’une très grande publicité et arriveraient tout en haut d’une page de recherche Twitter concernant un sujet, comme par exemple l’homophobie.
Cependant, cela n’exonère pas Twitter du respect des lois de la République. Le Président de la République l’a rappelé très récemment au sujet de la déferlante de tweets antisémites : « La Garde des sceaux se chargera de faire exécuter les jugements, parce qu’il ne peut pas y avoir d’impunité pour les auteurs racistes et antisémites. Ils doivent savoir (…) qu’ils seront poursuivis et condamnés pour leurs agissements. »

Vos priorités dans les 6 mois à venir ?
Ce printemps, je présenterai au parlement une loi-cadre pour faire progresser les Droits des femmes dans 4 directions. La loi portera sur une meilleure articulation vie professionnelle – vie privée. Ainsi elle transposera les dispositions de l’accord entre partenaires sociaux, notamment sur le congé parental. L’objectif est d’éviter que le congé parental éloigne trop les femmes du travail et nuise à leur retour en entreprise. Cela passe notamment par un plus grand investissement des pères. Aujourd’hui sur 539.000 bénéficiaires seuls 3,5% sont des pères.

La loi comportera aussi un volet important sur les violences faites aux femmes avec une réforme très attendue de l’ordonnance de protection. Nous ferons aussi avancer la parité lors des élections législatives mais également dans toutes les instances consultatives de l’Etat et les autorités administratives indépendantes, comme le CSA. Je tiens aussi à ce que les femmes étrangères vivant sur le territoire national soient plus protégées par les lois de la République face à des situations inacceptables de mariages forcés, de polygamie ou encore de répudiation.

Au-delà de cette loi, levier important pour installer une troisième génération des Droits des femmes, notre société évoluera par le biais d’une meilleure éducation à tous les âges et une lutte contre les stéréotypes. C’est pour cette raison que j’ai tenu, avec Vincent Peillon, à inscrire l’égalité femmes-hommes au cœur de loi de Refondation de l’école. L’éducation à l’égalité dès le plus jeune âge, l’éducation au respect mutuel et le principe d’une plus grande prise en compte de la mixité des filières de formation dans l’orientation des élèves font ainsi partie intégrante de la loi. Les premières expérimentations des ABCD de l’Egalité, ces séances d’éducation dès le plus jeune âge, auront lieu à la rentrée prochaine.

Autre sujet qui intéressera nombre de vos lecteurs, nous lançons en avril un grand plan pour favoriser la création d’entreprises par les femmes.

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