Site icon Senslation

« Les entreprises doivent passer du story-telling au story-doing »

Face à la crise sanitaire du Covid-19, vous proposez aux entreprises de participer financièrement à des projets solidaires pour venir en aide aux professionnels de santé. Comment fonctionne ce dispositif ? Selon vous, les entreprises peuvent-elles jouer un rôle durant cette crise ? Lequel ? 

En tant qu’incubateur de projets à impact positif, nous permettons aux entreprises de démontrer concrètement leur engagement et leur utilité aux côtés des « Solution Makers » et de la société civile. Cela fait partie intégrante de notre modèle car nous croyons à la force du collectif. Chacun a un rôle à jouer et c’est tous ensemble que nous ferons émerger des solutions nouvelles afin de dessiner les contours d’un avenir commun plus désirable. 

Au cœur de la crise sanitaire et sociale qui nous touche tous aujourd’hui, nous redoublons d’efforts pour aider les porteurs de projets à lancer des initiatives en faveur de ceux qui en ont le plus besoin et mettre en mouvement un maximum d’acteurs qui souhaitent participer à l’élan collectif : citoyens, associations, collectivités, entreprises …

Très concrètement, nous avons supprimé notre commission habituelle sur les montants collectés (seuls les 3% de frais techniques et transactionnels sont conservés) pour les projets estampillés « Solidarité Coronavirus » et nous proposons aux entreprises de soutenir financièrement des projets solidaires. Nous identifions ces derniers à travers notre réseau et/ou permettons à des initiatives, issues de leurs écosystèmes, de bénéficier de notre expertise et d’un accompagnement renforcé pour lancer leur campagne de communication et de financement dans les plus brefs délais (stratégie, animation, création de vidéos …) afin de maximiser leur impact auprès des bénéficiaires.

Les premiers projets qui ont bénéficié de ce dispositif ont atteint leurs objectifs de campagne en un temps record et ont pu commencer à agir au profit de leurs bénéficiaires (soignants, personnes en situation de fragilité, non-confinés grâce auxquels restent assurés les besoins de première nécessité). La mobilisation autour de ces projets est absolument incroyable !

 

A l’heure de la raison d’être, et au-delà des actions qu’elles entreprennent sur leur cœur de métier, les entreprises qui soutiennent ces initiatives démontrent plus que jamais leur rôle au service de l’intérêt collectif. De nombreuses entreprises ont-elles déjà répondu présent à votre appel ? 

Absolument, les premières à s’être déjà mobilisées sont BNP Paribas, Franprix, Lenovo, Nestlé Waters et une dizaine d’autres nous ont donné leur accord pour soutenir des projets qui vont se lancer dans les prochains jours. Nous en profitons pour lancer un appel à vos lecteurs : toutes les bonnes volontés sont les bienvenues ! Mobilisez-vous, sollicitez vos collaborateurs et vos parties prenantes, il y a fort à parier qu’ils s’impliquent déjà dans des projets solidaires sur lesquels vous pouvez faire effet de levier en mettant à leur disposition notre plateforme et notre communauté.

 

Ulule a aussi décidé de mettre en avant les initiatives solidaires, à travers notamment une newsletter dédiée. Comment s’est organisé ce projet ? Pouvez-vous nous citer quelques-unes de ces initiatives ?

Notre souhait est de donner la plus grande visibilité possible à ces initiatives afin qu’elles se concrétisent au plus vite. Pour ce faire, nous avons créé dans l’urgence sur Ulule une chaîne dédiée aux projets « Solidarité coronavirus ». Nous réalisons et montons à la volée des vidéos en « self captation » pour que les porteurs de projets disposent de contenus à diffuser via les réseaux sociaux et que nous puissions les relayer, ainsi que les entreprises qui les soutiennent. Enfin, nous avons mis à profit la base d’abonnés à notre newsletter hebdomadaire (1,2 million d’abonnés) à qui nous envoyons désormais une seconde newsletter exclusivement consacrée aux projets solidaires. Chaque envoi génère plusieurs centaines de contributions sur les projets mis en avant.

Parmi ceux-ci, « Améliorons le quotidien de nos soignants », porté par Les P’tits doudous, un réseau de 75 associations de professionnels de santé, pour répondre aux besoins auxquels sont confrontés les soignants en leur permettant d’acheter le matériel nécessaire à leur pratique quotidienne et qui leur manque de façon récurrente et particulièrement criante à l’heure actuelle (lits de repos, thermos, matériel).

On ne le sait que trop bien, la France est actuellement en pénurie de masques. Pour y répondre, de nombreuses initiatives ont vu le jour, à l’instar de celle des Franjynes destinée aux non confinés mais aussi celle de Noyoco, de United 3D makers pour produire des masques anti-projections imprimés en 3D, ou encore Masks 4 France, un collectif d’entrepreneurs mobilisés pour la commande de masques.

Une dernière initiative remarquable : Banlieues Santé qui agit sur un terrain souvent oublié, celui des banlieues, et plus particulièrement le 93. Grâce à sa campagne, l’association prépare des colis alimentaires et des repas pour les plus fragiles et les sans domicile fixes dans les quartiers prioritaires, et organise des tournées de sensibilisation sur l’importance du confinement avec le soutien de 1 500 aides-soignants bénévoles.

 

Vous lancez, aux côtés du Groupe So Press (So Foot, Society etc.), le magazine So Good. Pouvez-vous nous présenter ce projet ? Quelle en est l’origine ? Quel est l’objectif de cette publication ?

So Good, c’est un pari fou imaginé par Ulule et Franck Annese, le fondateur du groupe média indépendant So Press : un trimestriel de 100 pages qui racontera, dès la fin du confinement, les grands enjeux de notre société à travers des initiatives citoyennes qui font bouger les lignes. L’objectif ? Mettre en lumière des personnes célèbres ou anonymes qui, chacun à leur façon, tentent de faire avancer le monde dans le bon sens. Le contrat de lecture sera décliné selon les 3H chers à So Press : Humain, Histoires, Humour.

Lancer un premier magazine print relève toujours du défi, n’en parlons pas quand le projet se veut sans publicité. C’est pourquoi nous avons imaginé un modèle économique original articulé autour de la vente en kiosque, de l’engagement de 80 personnalités françaises engagées au quotidien dans la société pour un impact positif (à retrouver sur notre site) et du soutien d’entreprises pionnières qui veulent être actrices du changement, prendre part à ce mouvement collectif et nous aider à le lancer. A date, une vingtaine d’entre elles (https://www.sogoodstories.com/pionniers/) nous ont déjà apporté leur soutien.

Enfin, le premier projet entrepreneurial d’Ulule ne pouvait que se financer sur…Ulule ! Ouverte jusqu’au 23 avril avec un objectif de 6 000 abonnements (plus de 10 300 abonnements déjà souscrits à date), la campagne de pré-abonnements nous permet d’inclure les futurs lecteurs dans ce projet ambitieux.

Dans le cadre de cette campagne, nous proposons des formules pour que les entreprises puissent abonner leurs collaborateurs et leurs clients afin d’accélérer leur prise de conscience autour des grands enjeux sociétaux et environnementaux auxquels nous sommes tous confrontés et, surtout, autour des solutions qui émergent afin d’y répondre. Ces formules comprennent la possibilité de glisser dans le magazine un courrier personnalisé afin d’expliquer en quoi elles se mobilisent sur ces sujets et en quoi cela fait sens pour elles de prendre part à ce projet.

La campagne est à retrouver ici : https://fr.ulule.com/sogood/

 

En quoi est-ce important, notamment pour les entreprises, de redonner du sens à leurs actions, d’illustrer leur engagement RSE, a fortiori dans ce contexte de crise liée au Covid-19 ?  

Les motivations qui poussent les entreprises à s’engager auprès de la société peuvent être de natures très différentes. Philanthropiques tout d’abord avec une démarche de mécénat assez confidentielle, sous la contrainte réglementaire d’une notation extra-financière imposée par les marchés ou les autorités ensuite, pour préserver le terreau économique, social et environnemental sur lequel elles se développent, pour répondre aux attentes des consom-acteurs qui exigent transparence et authenticité, et enfin pour donner du sens à la mobilisation des équipes. Elles tendent depuis quelques années, et encore plus depuis quelques mois avec la loi PACTE, à clairement intégrer l’engagement sociétal et la définition d’une raison d’être comme un levier stratégique durable.

D’une logique de bienveillance, parfois éphémère, nous sommes passés à une logique d’intérêt bien compris où toutes les parties gagnent à une collaboration fructueuse pour un monde durable. Du « Story-telling », l’entreprise passe à un « Story-doing » et à un programme de preuves qui ancre sa démarche dans le long terme et l’impact positif.

La crise du Covid19 – comme toutes les crises d’urgence où l’intérêt général voire la survie prime sur tout – peut être un accélérateur des prises de conscience de l’impact du collectif et du bien commun à défendre ensemble.

Souhaitons que ce mouvement solidaire exceptionnel marque un tournant décisif. Et que la raison d’être ne soit plus juste des mots dans un manifeste ou de bonnes déclarations d’intention mais des actes réels, impactants et totalement intégrés dans la stratégie de développement de l’entreprise.

 

*La certification dite « B Corp » est une certification octroyée aux sociétés commerciales répondant à des exigences sociétales et environnementales, de gouvernance ainsi que de transparence envers le public

Quitter la version mobile