• 4 avril 2016
  • 3  min

Romain Veillon, Urbexer ; la chasse aux trésors ensevelis

Une ville engloutie sous le sable, un toit végétal au milieu d’une église… Romain Veillon, « urban explorer », archive dans son boîtier des images d’un monde en ruines où la nature reprend le dessus. Le tout sans laisser de traces de son passage. Découverte.

par @nalogue

 

L’exploration urbaine, c’est quoi ?

C’est la découverte de lieux abandonnés, dont l’homme est à l’origine et qui sont souvent interdits d’accès. Hôpitaux désertés, châteaux en ruine, friches industrielles… Il s’agit d’aller à la rencontre d’endroits laissés à l’abandon. Dès ses débuts, l’exploration urbaine a presque toujours été associée à la photographie, un moyen simple et pratique d’immortaliser les lieux découverts. Elle a rapidement évolué ces dernières années, passant d’une activité « underground » à un phénomène qui a le vent en poupe. « L’Urbex » est en train de devenir une forme d’art à part entière, qui s’expose maintenant dans les galeries.

 

Comment êtes-vous devenu un « urban explorer » ?

Un peu par hasard, au gré de mes balades. Petit à petit, je me suis rendu compte qu’il existait une communauté d’afficionados et que la pratique avait même un nom : « l’Urbex ». C’est un terme que je n’affectionne d’ailleurs pas vraiment !

 

Pour quelles raisons ?

Très à la mode, il est associé, à tort, au danger et à l’interdit. Pénétrer dans des lieux abandonnés et interdits d’accès, c’est faire face à des enjeux éthiques et moraux assez forts. Aucune définition juridique précise n’encadre notre pratique : nous faisons néanmoins en sorte de ne pas dégrader les endroits découverts. Malgré l’existence de ce code de conduite, l’activité a attiré une minorité d’individus moins scrupuleux, inconscients des risques, ou pire, malintentionnés. Résultat : un lieu resté intact pendant 30 ans – devenu une capsule hors du temps –, peut être pillé en moins d’un mois. Vol, casse, dégradations… Une nouvelle génération d’urbexers fait la course aux lieux et diffuse leurs localisations au risque de les dégrader et de les détruire. C’est aux antipodes de ma conception de l’« urban exploration » ! Depuis mes débuts, il y a 4 ans, j’ai une seule et même philosophie : « ne prendre que des photos, ne laisser que des empreintes de pas ». J’essaie de respecter le plus possible l’histoire de chaque lieu et des personnes qui y sont liées.

 

Comment trouve-t-on ces endroits abandonnés ?

C’est un vrai travail de détective ! Il faut s’armer de patience pour les trouver et surtout bien préparer sa visite. Recherches sur la région, son histoire, ses objets… Tout est bon pour collecter des indices et recouper les informations. C’est une enquête passionnante, surtout dans le cas des châteaux. Des outils de cartographie me permettent ensuite de faire des repérages avant de me rendre sur place. Que ce soit à travers un grillage, une cave ou une fenêtre, c’est toujours une aventure de pouvoir rentrer dans un endroit inoccupé une fois sur place.

 

Quelle est votre démarche artistique ?

Je suis fasciné par l’esthétique du chaos. Ce n’est pas parce qu’un lieu est abandonné qu’il ne dégage pas une certaine forme de beauté, au contraire ! En photographiant des ruines, je tente de capturer le temps qui passe et les traces que l’homme laisse derrière lui. Avec le réchauffement climatique, le futur devient de plus en plus flou : il est difficile de se projeter. Photographier des endroits désertés, c’est ma manière de montrer que nous ne sommes que de passage, et que la nature reprend ses droits un jour ou l’autre.

 

Vos prochains projets ?

Voyager pour continuer à remonter dans le temps et présenter mon travail au public, pour échanger et découvrir de nouvelles perspectives.

Romain Veillon

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