• 20 octobre 2017
  • 3  min

Pixel art : un point, c’est tout !

Le pixel art a émergé dans les années 80 avec le boom des ordinateurs et jeux vidéos. A l’époque, les consoles et machines, moins puissantes, affichaient un nombre restreint de pixels – ces petits carrés qui composent une image informatique. Les artistes s’en sont emparé et l’ont fait perdurer bien au-delà de l’univers du célèbre plombier Mario. Rencontre avec un représentant du genre, Ced Vernay, qui utilise le pixel art pour questionner notre rapport au digital et aux écrans.

par Aline Van Hoecke, agence analogue

Comment avez-vous attrapé le virus ?

J’ai suivi une formation artistique, d’abord au Northwest Community College (USA), puis à l’école de dessin, BD et animation 3D Emile Cohl à Lyon. J’ai ensuite travaillé dans l’informatique et le web design. L’image numérique m’a tout de suite inspiré ! Et puis j’ai baigné enfant dans l’univers de Pacman et Space Invader. Le pixel art était aussi dans mon inconscient.

Ced VERNAY by Christophe Pouget 9

Ced Vernay ©Christophe Pouget

Comment définiriez-vous le pixel art ?

Je dirais qu’il s’agit d’un prolongement du courant pictural pointilliste dont les grandes figures sont Seurat et Signac. Des artistes qui juxtaposent des petites touches de couleurs, un peu à la manière d’une mosaïque. D’ailleurs, les mosaïques gréco-romaines, le point de croix sont autant de déclinaisons artistiques autour du point et donc, aussi, des formes de pixel art.

La mode ne s’est pas tarie au cours des dernières décennies. Même avec l’arrivée de la haute définition (HD), le pixel art a perduré, sans doute parce que ce courant touche une large génération de geeks, graphistes et publicitaires. De grands artistes de renom l’ont aussi exploré comme Chuck Close, Vik Muniz ou Gerhard Richter.

 

Vous ramenez le pixel de l’univers digital au monde réel. Expliquez-nous cette approche à contre-courant ?

Mon parti pris consiste, en effet, à réaliser des pixels à la main et non à l’ordinateur, et de donner vie à mes créations. Je travaille beaucoup les collages avec, notamment, ma série de portraits confettis de célébrités ou d’anonymes. Il s’agit d’œuvres réalisées avec un assemblage de petits papiers découpés et collés pour donner forme au visage. J’aime le côté approximatif, moins lisse du pixel qui donne à voir les imperfections humaines plutôt que de les gommer, ce que peut faire la HD. Dans mes expos, j’invite les gens à prendre du recul. Au sens propre d’abord. Car les contours des portraits ne deviennent nets et ne se révèlent pleinement que quand on s’éloigne d’eux, un peu comme quand on fait la mise au point d’un appareil photo. Mais aussi au sens figuré. J’essaie d’amener les gens à réfléchir à notre rapport aux écrans, à mener une introspection. N’est-il pas temps que l’Homo Digitalis se détache de l’outil informatique pour se réancrer dans la vraie vie ? Les œuvres que je soumets au regard du public montrent l’homme, avec ses failles, qui reprend un peu le pas sur la machine.

 

Le Dalaï Lama vu par Ced Vernay

Le Dalaï Lama vu par Ced Vernay

« J’aime le côté approximatif, moins lisse du pixel qui donne à voir les imperfections humaines plutôt que de les gommer »

Quelles techniques utilisez-vous ?

En dehors des confettis, je réalise aussi des sculptures, des grandes peintures à l’huile à plusieurs entrées de lecture, des œuvres magnétiques où chaque pixel est un aimant et tous réunis forment un puzzle. Le public peut ensuite bouger les pièces pour créer sa propre œuvre.

Où peut-on vous voir en ce moment ?

Après avoir exposé aux Docks de Marseille, je m’apprête à partir en Suisse, au 13 Salon d’Art Contemporain de Montreux (8-12 novembre), avant d’enchaîner en février 2018 sur une expo au Cap en Afrique du Sud puis une autre à Paris dans le Marais en mai. Pas le temps de m’ennuyer !

L'actrice Adèle Exarchopoulos ©Ced Vernay

L’actrice Adèle Exarchopoulos ©Ced Vernay

Le pixel art, c’est pour la vie ?

Cela fait 15 ans que je travaille sur le thème du pixel, je suis toujours en exploration, à la recherche de nouvelles techniques. C’est un terrain de jeu très varié et j’en ai fait ma signature. Je suis un pixart invétéré ! Pix’Ced un jour, pix’Ced toujours.

 

http://cedvernay.com/

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