• 4 février 2013
  • 3  min

Alain Beuve-Mery, Président de la Société des rédacteurs du Monde

alain-beuve-meryCe mois-ci Wellnews rencontre Alain Beuve Mery, nommé Président de la « Société des rédacteurs du Monde ». Il nous explique les missions de cette société de journalistes, structure ayant le pouvoir d’élire le directeur du journal.

Vous avez vécu au sein de la rédaction du Monde une fin d’année douloureuse avec le décès d’Érik Izraelewicz. Alain Frachon, jusqu’ici directeur éditorial, a été nommé directeur des rédactions du journal Le Monde par intérim. La ligne éditoriale a-t-elle évolué du fait de cette nomination ?

Non, elle n’a pas évoluée. Alain Frachon a clairement annoncé lorsqu’il a pris ses fonctions qu’il se mettrait dans les pas d’Érik Izraelewicz. En dehors de leur différence de personnalité et de tempérament, Alain Frachon et Érik Izraelewicz se retrouvaient sur l’essentiel et avaient le même attachement au « Monde ». Ils partageaient notamment des valeurs communes en politique étrangère et en économie.

Vous avez été élu président de la « Société des rédacteurs du Monde » pour un an. Quel est le rôle de la Société des rédacteurs du Monde, et quelles sont vos missions au sein de cette structure ?

Depuis décembre 2010, je suis un des douze co-gérants de la Société des rédacteurs du Monde (SRM) et j’en ai été élu président par mes pairs, à l’unanimité en juin 2012.

La Société des rédacteurs du Monde est aujourd’hui celle qui a les pouvoirs les plus importants, parmi toutes les sociétés de journalistes de l’ensemble des titres français, y compris au sein des médias audiovisuels. Bien sûr, ces pouvoirs sont au service de l’exercice même du métier de journaliste, pour se conformer au mieux aux règles déontologiques. Mais nous avons une spécificité car nous avons aussi une responsabilité d’actionnaire.

Pendant 66 ans, le capital du Monde a été détenu en majorité par ses journalistes – représentés par la SRM qui était le premier actionnaire- mais aussi par ses cadres et ses employés. En 2010, les problèmes économiques récurrents de la presse, mais aussi les investissements nécessaires pour s’adapter à la révolution numérique nous ont obligés à trouver de nouveaux actionnaires, en l’occurrence Messieurs Bergé, Pigasse et Niel, qui aujourd’hui possèdent 64% du capital du groupe Le Monde qui comprend aussi Télérama, La Vie, Courrier International, etc.

Malgré ce changement d’actionnariat, la Société des rédacteurs a conservé des pouvoirs importants et notamment une minorité de blocage qu’elle exerce désormais au sein d’un pôle d’indépendance qui regroupe outre la SRM, la Société des lecteurs du Monde, les cadres et les employés, mais aussi les sociétés de personnels des autres titres du groupe. C’est une spécificité de notre journal.

Nous avons aussi comme principal pouvoir d’élire le directeur du journal pour un mandat de 6 ans selon la règle suivante : les actionnaires proposent un candidat, forcément un journaliste, selon les statuts en vigueur et ce dernier doit être élu à la majorité qualifiée de 60% des suffrages exprimés par la rédaction.
Chaque nouveau directeur pour animer notre collectif doit rencontrer une adhésion forte de la part de la rédaction. Dans une période de changement, le rôle du conseil de gérance et du président de la SRM est crucial : il est celui qui représente les rédacteurs auprès des actionnaires. Le but poursuivi par les deux parties est de tomber d’accord sur la personnalité la mieux qualifiée pour diriger « le Monde ».

Comment voyez-vous l’évolution du métier de journaliste à l’heure de l’explosion des réseaux sociaux et quand twitter sert de fil AFP pour beaucoup ?

Twitter est un réseau qui permet de récupérer un grand nombre d’informations et d’en diffuser d’autres. De manière plus générale, le journalisme qu’il soit exercé sur le papier, sur les ondes ou sur internet garde les mêmes fondamentaux : la recherche de l’information et sa vérification, avant publication ou diffusion. Aujourd’hui, la meilleure manière d’exercer le métier de journaliste reste encore de se déplacer et de téléphoner pour rencontrer ou parler avec ses sources, et ensuite d’écrire. Comme journaliste, je vis les réseaux sociaux comme une excroissance de ma sphère d’influence et de mes sources d’information. Ils me permettent d’étendre mes connaissances et mon influence, mais ça ne modifie pas ma manière de faire du journalisme. Il s’agit juste d’une richesse supplémentaire.

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