• 1 mai 2018
  • 2  min

La mémoire collective garde globalement un bon souvenir de mai 68

Jean-Michel Aphatie – Journaliste

Avec son accent du Sud-Ouest reconnaissable entre mille, et son sens aiguisé de l’analyse politique, Jean-Michel Aphatie est l’un des intervieweurs phares du paysage audiovisuel français. Après avoir fait le tour des chaînes de télévision, des titres de presse et des stations de radio, il officie depuis septembre 2016 à l’antenne de franceinfo où il présente l’interview politique « 8h30 Toussaint-Aphatie » du lundi au vendredi. Une passion pour l’analyse politique que l’on retrouve dans son dernier ouvrage « La liberté de ma mère : mai 68 au Pays Basque » paru début avril, où il raconte comment ses parents ont vécu mai 68. Il revient avec nous sur la genèse de ce récit et nous livre son analyse sur la situation politique actuelle.

Depuis près de 20 ans vous êtes l’un des intervieweurs les plus connus de France. D’où vous est venu le goût pour l’actualité politique ?
Je n’ai pas la réponse.  C’était en moi, un cadeau. J’ai découvert, au fil de ma vie, un goût non pas pour la politique mais pour l’analyse de la politique. Aucun modèle familial : mes parents, mes proches, n’étaient pas politisés. Certains, c’est le football, moi c’était ça. Donc j’ai rationalisé le cadeau: j’ai appris, étudié, regardé et j’ai tenté ma chance pour devenir journaliste politique à Paris. Finalement, ça n’a pas trop mal marché.

Vous avez publié au début du mois d’avril votre ouvrage « La liberté de ma mère : mai 68 au Pays Basque ». Comment vous êtes vous lancé dans l’écriture de ce récit ? 
J’avais envie d’expliquer que le mois de mai 68, dont nous célébrons le cinquantenaire, n’était pas tombé du ciel, qu’il avait des racines, des antécédents, que les parents des étudiants de 68 étaient aussi, et même davantage qu’eux, des révolutionnaires. Pour illustrer mon propos- j’ai raconté l’histoire de mes parents, Catherine et Jean-Pierre, modestes salariés du Pays Basque, qui se sont lancés dans l’aventure de la liberté individuelle et de l’émancipation personnelle dans les années cinquante. Ce récit a intéressé pas mal de lecteurs, et j’en suis formidablement heureux.

Aujourd’hui, votre livre est n°1 des ventes numériques chez Amazon. Estimez-vous qu’il y ait en France une appétence particulière pour la mémoire de mai 68 ?
La mémoire collective garde globalement un bon souvenir de mai 68. Mais c’est un souvenir diffus, et vague. D’où la profusion de films, documentaires, livres, qui connaissent un peu de succès car la mémoire s’est rassie et il faut la rafraîchir. Les Français aiment l’histoire, lointaine ou plus proche. C’est un sentiment émouvant, signé d’un peuple éduqué et cultivé.

Alors que nous nous apprêtons à célébrer le cinquantième anniversaire de mai 68 en France, les mouvements de contestation semblent se multiplier (cheminots, étudiants, retraités etc.). Selon vous, pouvons-nous assister à un mai 2018 ?
En aucune manière, Mai 68 ne se répétera. Il y aura peut-être des mouvements sociaux dans les semaines ou les mois prochains. Peut-être même seront-ils importants, pourquoi pas « révolutionnaires ». On ne sait jamais de quoi sera fait demain. Mais s’ils se produisent, ce qui n’est ni sur ni certain, ils n’auront pas aujourd’hui la teinte joyeuse, imaginative et drôle d’hier. Hélas, l’époque est plus triste, la société plus dure, les problèmes plus violents qu’hier. Pour longtemps je crois, Mai 68 restera unique.

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