• 2 septembre 2013
  • 5  min

Google Hangout : l’outil de communication des municipales ?

C’est la rentrée, pour les enfants, pelles et râteaux ont cédé la place aux cartables; pour les parents, serviettes et lunettes de soleil ont été remplacées par la mallette et le portable.

Les hommes politiques sont également revenus de vacances, les maires notamment, qui entrent définitivement en campagne. En effet, depuis le 1er septembre, la campagne municipale est officiellement lancée. Cette date correspond aux six mois précédents le scrutin et implique à un panel de restrictions en termes de communication. Pour comprendre ces dernières, il est intéressant de lire le dossier que « le courrier des Maires et des élus locaux » vient de lui consacrer.

Une campagne électorale se lance alors que le personnel politique souffre d’une crise de confiance importante, comme le démontre le graphique ci-dessous extrait du « baromètre de la confiance politique » du Cévipof. Il est à noter que ce déficit de légitimité affecte moins les élus locaux qui bénéficient d’une plus grande proximité, Saint Graal de la communication politique. Ces derniers étant plus souvent vus agissant, les Français leurs sont davantage reconnaissant.

Baromètre-de-la-confiance-politique

Dans ce contexte un outil apparait comme providentiel : Google Hangout. En l’espace de quelques mois, l’outil de visioconférence de la firme de Mountain View a été adopté par pas moins de 5 personnalités politiques françaises.

Ainsi Najat Vallaud-Belkacem (Ministre des Droits des femmes, porte-parole du Gouvernement), Philippe Marini (Président de la commission des finances du Sénat), Thierry Repentin (ministre délégué aux Affaires européennes), Arnaud Montebourg (ministre du Redressement productif) et Nathalie Kosciusko-Morizet (candidate à la mairie de Paris) ont successivement expérimenté le principe du débat en direct.

La première utilisation de cette nouvelle forme d’interview politique est l’œuvre du plus 2.0 des hommes politiques de la planète, Barack Obama. En effet, le Président des Etats-Unis a déjà débattu avec ses concitoyens en janvier 2012 et février 2013. Si l’édition de 2012 s’intitulait sobrement « votre interview avec le Président », la suivante s’est inscrite dans une registre plus « familier » en proposant une « discussion au coin du feu ».

Obama-Fireside-Hangout

Ce registre lexical n’est bien évidement pas le fruit du hasard, il entend connoter une plus grande proximité, en sortant du cadre traditionnel, et ainsi renforcer l’écoute du citoyen par son Président.

Pour Najat Vallaud Belkacem, Hangout est un « porte parolat numérique ». Le titre est certes pompeux, il n’en laisse pas moins comprendre que cet outil est important pour la porte-parole du gouvernement. Effectivement, ce service de visioconférence est entré dans le kit de com’ de la Ministre, qui en organise un nouveau le 6 septembre, sur le thème « Génération Egalité entre les femmes et les hommes ».

Najat-Vallaud-Belkacem

D’après Arnaud Montebourg, sa démarche s’inscrit dans ce qu’il appelle un « colbertisme participatif ». Le ministre en guise d’introduction à son « vidéo-tchat » rappelle son « besoin de discuter avec la société toute entière ».

Car c’est bien le principe même de Hangout, faciliter la participation citoyenne en invitant au dialogue et où les participants sont sur un même pied d’égalité.

Les maires sortants et autres candidats seraient avisés de s’inspirer de ces diverses initiatives. D’après l’étude la plus complète menée aux Etats-Unis, encore une fois, pendant deux ans entre 2006 et 2008, par la « Congressionnal Management Fondation », a permis de mettre en évidence les apports potentiels d’Internet dans la communication politique entre les élus et les citoyens. Le parti pris de la fondation était simple :« Internet offre-t-il des opportunités pour créer du lien et rapprocher les électeurs de leur représentants ? Pour le savoir, nous avons travaillé avec des membres du Congrès pour mener une série de discussions en ligne avec leurs électeurs. Les résultats nous ont surpris nous-mêmes : après avoir participé à une simple discussion d’une demi-heure avec un de leurs membres du Congrès, les électeurs étaient plus susceptibles de :

  • faire confiance au représentant membre du Congrès,
  • mieux comprendre le problème politique qui a été discuté,
  • changer d’avis sur la question discutée pour s’aligner sur la position de l’élu,
  • accroître leur engagement dans la vie politique,
  • se rendre aux urnes,
  • voter pour le représentant».

La méthode utilisée a consisté en l’organisation à la fois de petites réunions sur Internet entre un membre du congrès et quelques citoyens de la circonscription, et des réunions publiques avec une audience plus large. Chaque citoyen était libre, soit de participer aux discussions en ligne, soit de participer à des réunions publiques classiques. Les discussions en ligne sont appelées « Town Hall Participants » (en bleu sur le diagramme), et celles dont la forme est plus traditionnelle, « Control » (en jaune). Les résultats de cette étude sont particulièrement intéressants.

Notamment au niveau de la perception du représentant par les participants après ces discussions (cf. diagramme). Dans l’ensemble, la perception du représentant est meilleure après des discussions en ligne par rapport à des discussions classiques. Ainsi, pour les participants de la version numérique, le représentant est perçu comme « accessible » pour 80% du panel contre seulement 40% pour les participants aux réunions classiques.

L’ensemble des traits de caractère proposés pour définir la perception de leur représentant est partagé par les participants des réunions en ligne dans une vision majoritairement positive. Cette expérience met en évidence de manière empirique l’influence positive que le numérique apporte à la communication politique, et donc au représentant.

Etude-Congressionnal-Management-Fondation

De plus, Hangout, au-delà de la possibilité de faire discuter entre eux des personnalités politiques et des citoyens, permet également à des spécialistes de certaines problématiques d’intervenir.

C’est ce que le sénateur Philippe Marini a fait lors de son Hangout consacré aux « déficits, fiscalité, évasion des capitaux, transparence », en s’entretenant, depuis son bureau du sénat, avec un panel de spécialistes à l’instar desquels Laurent Bigorgne (directeur de l’Institut Montaigne), Pierre Guillou (fondateur d’Elus 2.0), Georges Ugeux (auteur du blog Démystifier la finance) et Charlotte Cabaton (Atlantico).

Ainsi, fort de ces quelques exemples, l’utilisation de cet outil dans la campagne pour les municipales ne fait plus guère de doute. NKM l’ayant déjà essayé mais pas directement dans le cadre de la campagne, les primaires ne s’étaient pas encore déroulées. La question de cette rentrée est donc : Qui sera le premier candidat à organiser son entretien digital avec ses administrés ?

PS. : La puissance de cet outil n’est bien évidemment pas réservé au personnel politique, il devient également indispensable pour les entreprises. Pour mieux comprendre ce service, un article lui est consacré sur le Blog du Guide Social Media.

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